Enfin, on s'installe. Enfin mon miroir est au mur et mes toiles, et nous avons une jolie commode et un plan de travail comme je voulais. Une jolie serre avec deux succulentes et un pot de persil sur le rebord de la fenêtre. Les dvd sont sortis, mes polaroid n'attendent que d'être accrochés. On a une couette avec une belle housse noire, blanche et rouge. Le canapé, le bureau arriveront bientôt, ce n'est qu'une question de quelques sous encore. C'est le bizarre partout parce qu'on monte des meubles depuis deux jours, parce qu'il manque encore des choses, mais ça prend forme. Il faut encore que je fasse ma déco, que je mette ma touche, que ça devienne un cocon, un vrai. Mais ça y est, c'est chez nous.
J'ai du mal à y croire tellement les 12 derniers mois ont été chaotiques, tellement j'ai lutté pour ne plus me faire de mal, tellement j'étais au plus bas. Et puis la fuite en avril, les galères pour trouver du travail, récupérer l'appartement, la peur en juillet d'avoir tout reperdu, et finalement, trouver doucement la paix en septembre.
La crémaillère est annoncée. Bonne surprise, une amie que je croyais perdue est retrouvée, les fidèles répondent présent comme d'habitude, j'ai hâte de retrouver une ambiance de fête, des amis. C'est tout ce qu'il nous manque vraiment ici, des amis. Et puis je ne sais pas comment on fait pour en trouver.
On revient de si loin. La vie, enfin, commence à être belle.
jeudi 5 septembre 2013
lundi 2 septembre 2013
Parfois j'y réfléchis. Je n'oublie jamais bien sûr, on n'oublie jamais. C'est toujours là dans un coin près à te sauter au visage, à te faire sentir différente, à te faire culpabiliser de ne pas avoir eu la même expérience douce, drôle, le même souvenir que les autres. Parce que ce souvenir-là ne devrait pas faire mal et quand tout le monde se raconte en fin de soirée arrosée, il faut mentir. Parce qu'on a honte, parce que ça impose une gène, parce que c'est socialement inadéquat de raconter ça comme ça. Pourtant, c'est la vérité. Pourquoi mentir ? Je ne veux pas qu'on soit gêné, je ne veux pas qu'on ait pitié de moi, c'est comme ça que ça s'est passé et c'est tout.
Il y a les moments où je culpabilise, où je me dis que c'est moi, que je n'ai eu que ce que je méritais, que je n'avais qu'à l'en empêcher. Mais j'ai essayé. Je l'ai repoussé, plusieurs fois, j'ai dit non, j'ai dit arrête, j'avais bu, j'avais fumé, j'étais cotonneuse, je dormais à moitié, je n'avais plus la force... C'est affreux non ? Je l'ai juste laissé faire parce que je n'avais plus la force de dire non, j'ai juste renoncé parce qu'il n'écoutait pas. Ça ne devait pas donner très envie pourtant, j'étais une espèce de pantin désarticulé, je ne réagissais à rien, je ne le touchais pas, je me laissais juste faire. Quel genre de personne faut-il être pour vouloir faire ça à quelqu'un qui n'en veut pas, qui ne réagit pas ? On s'imagine toujours que ça n'arrive qu'aux autres, que ce ne sont que des vieux tordus, drogués ou que sais-je, que c'est écrit sur leur front "Ne t'approche pas de moi, je vais te violer". Non, c'était juste un copain de mon meilleur ami. Je ne savais même pas lequel, je n'ai même pas réussi à identifier son visage avant de me réveiller à côté de lui quelques heures plus tard. Ça a du être drôle à raconter le lendemain à ses copains qui dormaient autour, quoi qu'ils ne dormaient sûrement pas tous. Moi, je me suis enfuie tôt le matin, mes chaussures et une boîte de doliprane sous le bras. J'en ai juste parlé comme ça, parce que je ne prenais pas la pilule, qu'il n'avait pas mis de préservatif, ça a fait rire mon meilleur ami qui s'est levé le lendemain matin pour aller à la pharmacie pour moi. Moi je ne voulais pas bouger, je me sentais sale et triste, tellement triste, ravagée. Je ne voulais pas sortir du lit, plus jamais. Je voulais juste qu'il soit là, lui dire "Tu sais, ton copain, je lui ai non mais il ne m'a pas écoutée", me blottir dans ses bras et dormir 1000ans.
Tout ce que je me disais c'était "Bravo, tu t'es faite baisée dans un coin comme une merde par un mec que tu ne connais pas".
J'ai mis très longtemps à envisager le mot viol. Pourtant, c'est bien ce que c'était. Je ne voulais pas, il l'a fait quand même, viol, point. Deux personnes le savent. Ma moitié a été la seule à qui j'ai pu le dire, mettre des mots, parler. Écrire c'est facile, c'est toujours plus facile, mais dire tout ça, je ne sais pas si je peux. Il arrive que je tombe sur des sites, des campagnes de pub, des images, n'importe quoi et que je me dise oui, c'est moi. J'étais vierge et j'ai été violée.
Il y a les moments où je culpabilise, où je me dis que c'est moi, que je n'ai eu que ce que je méritais, que je n'avais qu'à l'en empêcher. Mais j'ai essayé. Je l'ai repoussé, plusieurs fois, j'ai dit non, j'ai dit arrête, j'avais bu, j'avais fumé, j'étais cotonneuse, je dormais à moitié, je n'avais plus la force... C'est affreux non ? Je l'ai juste laissé faire parce que je n'avais plus la force de dire non, j'ai juste renoncé parce qu'il n'écoutait pas. Ça ne devait pas donner très envie pourtant, j'étais une espèce de pantin désarticulé, je ne réagissais à rien, je ne le touchais pas, je me laissais juste faire. Quel genre de personne faut-il être pour vouloir faire ça à quelqu'un qui n'en veut pas, qui ne réagit pas ? On s'imagine toujours que ça n'arrive qu'aux autres, que ce ne sont que des vieux tordus, drogués ou que sais-je, que c'est écrit sur leur front "Ne t'approche pas de moi, je vais te violer". Non, c'était juste un copain de mon meilleur ami. Je ne savais même pas lequel, je n'ai même pas réussi à identifier son visage avant de me réveiller à côté de lui quelques heures plus tard. Ça a du être drôle à raconter le lendemain à ses copains qui dormaient autour, quoi qu'ils ne dormaient sûrement pas tous. Moi, je me suis enfuie tôt le matin, mes chaussures et une boîte de doliprane sous le bras. J'en ai juste parlé comme ça, parce que je ne prenais pas la pilule, qu'il n'avait pas mis de préservatif, ça a fait rire mon meilleur ami qui s'est levé le lendemain matin pour aller à la pharmacie pour moi. Moi je ne voulais pas bouger, je me sentais sale et triste, tellement triste, ravagée. Je ne voulais pas sortir du lit, plus jamais. Je voulais juste qu'il soit là, lui dire "Tu sais, ton copain, je lui ai non mais il ne m'a pas écoutée", me blottir dans ses bras et dormir 1000ans.
Tout ce que je me disais c'était "Bravo, tu t'es faite baisée dans un coin comme une merde par un mec que tu ne connais pas".
J'ai mis très longtemps à envisager le mot viol. Pourtant, c'est bien ce que c'était. Je ne voulais pas, il l'a fait quand même, viol, point. Deux personnes le savent. Ma moitié a été la seule à qui j'ai pu le dire, mettre des mots, parler. Écrire c'est facile, c'est toujours plus facile, mais dire tout ça, je ne sais pas si je peux. Il arrive que je tombe sur des sites, des campagnes de pub, des images, n'importe quoi et que je me dise oui, c'est moi. J'étais vierge et j'ai été violée.
lundi 12 août 2013
Voilà. Mes 2 dernières heures de fille de 24ans. Moi qui voulait être en Californie puis revoir mes exigences à la baisse et être à Londres, c'est râpé. Je ne fais même pas de fête, je ne sors pas entre amis. Je fête mon quart de siècle en famille, et Sasha n'est pas là. C'est très bizarre de fêter un anniversaire qui me semble aussi important sans rien faire de spécial. Ça aurait pu être pire, j'aurais pu ne même pas être avec ma famille. Il n'était même pas prévu que je revienne à Paris, je suis rassurée en un sens de ne pas être à Strasbourg sachant Sasha à Toulon.
Sasha me promet une grosse fête quand on sera installées.
Que dire sinon ? Ça fait quoi d'avoir 25ans ? J'ai tenu le pari que je m'étais lancé en janvier : je suis partie, j'ai quitté Paris, l'appartement familiale qui pesait si lourd et surtout mon frère qui me traitait comme la dernière des moins que rien. J'ai trouvé un travail, que j'ai quitté certes mais j'ai réussi une fois, je réussirai encore. J'ai un appartement que je vais payer avec mon salaire et meubler, peindre, décorer de la même manière. J'ai même des projets, il y a Sid, j'ai hâte d'avancer sur ce chemin un peu fou avec Sasha, puis l'Australie dans un an. Voilà, la nouvelle vie, je l'ai. Tout ce dont je rêvais il y a encore quelques mois, que je croyais impossible, je l'ai fait. J'ai sans doute eu de la chance mais pas seulement, j'ai eu la force de partir, je crois que c'est le plus important et le reste en a découlé tranquillement. J'ai même une voiture !
J'ai hâte de partir à la découverte de l'Alsace avec Sasha et nos reflex, de repartir en tournée, de se créer de nouveaux souvenirs, de mettre en place de nouveaux projets...
Mon contrat pré-25ans est rempli donc. Plus qu'à en signer un nouveau maintenant, je travaille sur une grosse liste de choses à faire cette nouvelle année ! Le plus gros étant de mener de front Sid et un job et d'économiser assez pour m'envoler vers l'Australie à l'automne 2014.
Je ne sais pas quoi dire, je n'ai pas d'impressions à donner. Cette année m'a donné le pire et le meilleur, heureusement c'est le meilleur qui se présente aujourd'hui et j'espère que ça va continuer sans trop d'encombres.
Et puis tant qu'Elle est là, ça ira.
Forever and ever, BITCH!
Amen.
mercredi 31 juillet 2013
Le projet prend forme : on part en Australie dans un an.
Du coup, on ne parle que de ça depuis quelques jours, de nos bagages, du van que l'on va acheter pour parcourir le pays, d'acheter des UGG, un chapeau de cowboy, de la viande séchée, du forfait de téléphone que l'on va acheter, de l'endroit où on va vivre, des fringues que l'on va emporter, des photos que l'on va prendre, du carnet qu'on va acheter pour le remplir de nos aventures...
Maintenant, reste le plus dur à faire, mettre autant d'argent que possible de côté, sachant qu'on doit partir avec un minimum de 3600€ pour obtenir notre visa. Et attendre.
Jamais une année ne sera aussi longue à passer.
samedi 27 juillet 2013
Dire que les choses sont compliquées est un euphémisme. Quoi qu'elles se soient arrangées.
Après le décès du papa de Sasha, on a failli poser nos valises dans le sud. Égoïste, sans doute, je n'ai pas voulu. Alors nous sommes quand même descendues par le premier train pour rejoindre la maison familiale et y sommes depuis une semaine maintenant. Nous avons quitté nos postes à Subway et nous voilà devant une page presque blanche.
Je vais rentrer à Strasbourg, après un détour par Paris pour voir mon papa et ma sœur qui vient d'accoucher de deux belles petites princesses, récupérer notre futur cocon. Dans l'espoir que Mina trouve vite son bonheur et me laisse champ libre pour m'installer. Refaire toutes les peintures, acheter des meubles, décorer à notre goût, accrocher des photos, des dessins. Installer notre chez nous. Faire mon coin bureau pour enfin me mettre à bosser mon book et travailler sur Sid. Faire différentes démarches toutes plus sympa les unes que les autres, commander la box internet, demander les APL, le RSA, me battre avec la sécu. Tout ça en cherchant un nouveau job forcément...
Sasha va rester dans le sud prendre soin de sa maman et de sa nièce (qui ne devrait pas tarder à montrer le bout de son nez) encore quelques temps.
Je vais devoir apprendre à vivre seule un peu.
Après le décès du papa de Sasha, on a failli poser nos valises dans le sud. Égoïste, sans doute, je n'ai pas voulu. Alors nous sommes quand même descendues par le premier train pour rejoindre la maison familiale et y sommes depuis une semaine maintenant. Nous avons quitté nos postes à Subway et nous voilà devant une page presque blanche.
Je vais rentrer à Strasbourg, après un détour par Paris pour voir mon papa et ma sœur qui vient d'accoucher de deux belles petites princesses, récupérer notre futur cocon. Dans l'espoir que Mina trouve vite son bonheur et me laisse champ libre pour m'installer. Refaire toutes les peintures, acheter des meubles, décorer à notre goût, accrocher des photos, des dessins. Installer notre chez nous. Faire mon coin bureau pour enfin me mettre à bosser mon book et travailler sur Sid. Faire différentes démarches toutes plus sympa les unes que les autres, commander la box internet, demander les APL, le RSA, me battre avec la sécu. Tout ça en cherchant un nouveau job forcément...
Sasha va rester dans le sud prendre soin de sa maman et de sa nièce (qui ne devrait pas tarder à montrer le bout de son nez) encore quelques temps.
Je vais devoir apprendre à vivre seule un peu.
mercredi 24 juillet 2013
Comment dire qu'aujourd'hui, je ne sais plus où j'en suis. Je ne sais plus dans quelle direction regarder. On enterre le papa de Chachou demain et on a quitté Strasbourg avec perte et fracas pour prendre le premier train samedi matin. Et aujourd'hui, tout n'est que remise en question. Chachou veut rester ici pour prendre soin de sa mère et moi je ne m'imagine pas m'installer avec elles, ce n'est pas ma place, je ne m'y sens déjà pas à l'aise depuis 4 jours alors qu'est ce que ce serait à moyen terme ?
Je veux notre chez Nous, notre canapé, notre décoration comme on l'imaginait encore vendredi en trainant à Ikéa, notre cuisine avec nos bons petits plats, mes smoothies, de grosses salades composées, mon bureau pour créer Sid, des dessins partout, du bricolage, des rubans, des paillettes, des figurines, que sais-je, de quoi créer tout et n'importe quoi.
On avait un job, un appart qu'on allait signer, une vie qu'on était en train de construire...
J'ai le sentiment d'avoir tout perdu, ce qui est monstrueusement égoïste quand ma meilleure amie vient de perdre son papa.
Et puis j'irais où moi ? Je ne peux pas retourner à Strasbourg payer 450€ de loyer alors qu'en plus je ne connais personne, je ne veux pas retourner chez mon père, certainement pas avec mon frère à Paris... Je n'ai nulle part où aller.
Je veux notre chez Nous, notre canapé, notre décoration comme on l'imaginait encore vendredi en trainant à Ikéa, notre cuisine avec nos bons petits plats, mes smoothies, de grosses salades composées, mon bureau pour créer Sid, des dessins partout, du bricolage, des rubans, des paillettes, des figurines, que sais-je, de quoi créer tout et n'importe quoi.
On avait un job, un appart qu'on allait signer, une vie qu'on était en train de construire...
J'ai le sentiment d'avoir tout perdu, ce qui est monstrueusement égoïste quand ma meilleure amie vient de perdre son papa.
Et puis j'irais où moi ? Je ne peux pas retourner à Strasbourg payer 450€ de loyer alors qu'en plus je ne connais personne, je ne veux pas retourner chez mon père, certainement pas avec mon frère à Paris... Je n'ai nulle part où aller.
vendredi 28 juin 2013
Envie d'une nouvelle frange, d'une nouvelle couleur de cheveux, de changer de tête quoi. D'un anneau dans le nez, d'escarpins rouges, bleus, verts. De cet appartement et de dépenser des millions en objets de décoration, en cadres, en guirlandes lumineuses, en vaisselle rouge à pois blancs, en coussins de toutes les couleurs, en meubles à retaper. D'une déco un peu à l'ancienne et un peu fun à la fois. D'un gros canapé tout vieux, d'un coin bureau pour lancer l'aventure Sid, d'un grand tableau pour afficher plein de choses, de tiroirs de toutes les couleurs, de pleins de papiers, d'une imprimante de folie pour faire plein de belles choses, de crayons, d'aquarelle, de tout ce qu'il faut pour bricoler avec Elle. D'un joli lit avec une moustiquaire de princesse, tout blanc avec une grosse couette, d'un meuble pour exposer mes belles chaussures, d'une salle de bain de filles avec des tonnes de gels douche comme Elle aime, des shampoings, des produits de beauté partout. Une grosse commode avec des tonnes de maquillage pour être les plus belles, un grand miroir appuyé contre un mur couvert de colliers, de foulards. Un bordel organisé, tout cosy, où on serait bien, chez Nous.
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